Appel: changeons de Voie; changeons de Vie!

Nous sommes innombrables mais dispersés, à supporter de plus en plus difficilement l’hégémonie du profit, de l’argent, du calcul (statistiques, croissance, PIB, sondages) qui ignorent nos vrais besoins ainsi que nos légitimes aspirations à une vie à la fois autonome et communautaire.
Nous sommes innombrables mais séparés et compartimentés à souhaiter que la trinité Liberté Egalité Fraternité devienne notre norme de vie personnelle et sociale et non le masque à la croissance des servitudes, des inégalités des égoïsmes. Signer l'appel
http://changeonsdevoie.org/pays/#english créole, roumain, espagnol,

Au cours des dernières décennies, avec le déchainement de l’économie libérale mondialisée, le profit s’est déchainé au détriment des solidarités et des convivialités, les conquêtes sociales ont été en partie annulées, la vie urbaine s’est dégradée, les produits ont perdu leurs qualités (obsolescence programmée, voire vices cachés) les aliments ont perdu de leurs vertus, saveurs et gouts.
Certes, il existe de très nombreux oasis de vie aimante, familiale, fraternelle, amicale, solidaire, ludique qui témoignent de la résistance du vouloir bien vivre ; la civilisation de l’intérêt et du calcul ne pourront jamais les résorber. Mais ces oasis sont dispersés et s’ignorent les uns les autres.
Ils se développent pourtant et leur conjonction ébauche le visage d’une autre civilisation possible.

La conscience écologique, née de la science du même nom, nous indique non seulement la nécessité de développer les sources d’énergie propres et d’éliminer progressivement les autres y compris le si dangereux nucléaire, mais aussi de vouer une part de plus importante de l’économie à la salubrité des villes polluées à la salubrité de l’agriculture, donc à faire régresser agriculture et élevage industrialisés de plus en plus malsains, au profit de l’agriculture fermière et de l’agro-écologie.
Une formidable relance de l’économie faite dans ce sens, stimulée par les développements de l’économie sociale et solidaire, permettrait une très importante résorption du chômage comme une importante réduction de la précarité du travail.

Une réforme des conditions du travail serait nécessaire au nom même de cette rentabilité qui aujourd’hui produit mécanisation des comportements, voire robotisation burn-out, chômage qui donc diminue en fait la rentabilité promue. En fait la rentabilité peut être obtenue, non par la robotisation des comportements mais par le plein emploi de la personnalité et de la responsabilité des salariés. La réforme de l’Etat peut être obtenue, non par réduction ou augmentation des effectifs, mais par dé bureaucratisation, c’est à dire communications entre les compartimentés, initiatives, et rétroactions constantes entre les niveaux de direction et ceux d’exécution

La réforme de la consommation serait capitale. Elle permettrait une sélection éclairée des produits selon leurs vertus réelles et non les vertus imaginaires des publicités (notamment pour la beauté, l’hygiène, la séduction, le standing), ce qui opérerait la régression des intoxications consuméristes (dont l’intoxication automobile). Le gout, la saveur, l’esthétique guideraient la consommation, laquelle en se développant, ferait régresser l’agriculture industrialisée, la consommation insipide et malsaine, et par là la domination du profit.

Le Développement des circuits courts, notamment pour l’alimentation, via marchés, AMAP, Internet, favorisera nos santés en même temps que la régression de l’hégémonie des grandes surfaces, de la conserve non artisanale, du surgelé.
Pa ailleurs, la standardisation industrielle a créé en réaction un besoin d’artisanat. La résistance aux produits à obsolescence programmée (automobiles, réfrigérateurs, ordinateurs, téléphones portables, bas, chaussettes, etc.) favoriserait un néo-artisanat. Parallèlement l’encouragement aux commerces de proximité humaniserait considérablement nos villes. Tout cela provoquerait du même coup une régression de cette formidable force techno-économique qui pousse à l’anonymat, à l’absence de relations cordiales avec autrui, souvent dans un même immeuble.

Ainsi les consommateurs, c’est à dire l’ensemble des citoyens, ont acquis un pouvoir qui faute de reliance collective, leur est invisible, mais qui pourrait une fois éclairé et éclairant, déterminer une nouvelle orientation non seulement de l’économie (industrie, agriculture, distribution) mais de nos vies de plus en plus conviviales
Une nouvelle civilisation tendrait à restaurer des solidarités locales ou instaurer de nouvelles solidarités (comme la création de maisons de la solidarité dans les petites villes et les quartiers de grande ville)
Elle stimulerait la convivialité, besoin humain premier qu’inhibe la vie rationalisée, chronométrée, vouée à l’efficacité.
Nous pouvons retrouver de façon nouvelle les vertus du bien vivre par les voies d’une réforme existentielle. Nous devons reconquérir un temps à nos rythmes propres, et n’obéissant plus que partiellement à la pression chronométrique. Nous pourrons alterner les périodes de vitesse (qui ont des vertus enivrantes) et les périodes de lenteur (qui ont des vertus sérénisantes)

La multiplication actuelle des Festivités et festivals nous indique clairement nos aspirations à une vie poétisée par la fête et par la communion dans les arts, théâtre, cinéma, danse. Les maisons de la culture devront trouver une vie nouvelle.
Nos besoins personnels ne sont pas seulement concrètement liés à notre sphère de vie. Par les informations de presse, radio, télévisions nous tenons, parfois inconsciemment, à participer au monde. Ce qui devrait accéder à la conscience c’est notre appartenance à l’humanité, aujourd’hui interdépendante.

Nous sommes d’une Patrie où dès le 16ème siècle Montaigne disait "tout homme est mon compatriote" et où l’humanisme s’est déployé comme respect de tout être humain. Notre patrie dans sa singularité fait partie de la communauté humaine. Notre individualité dans sa singularité fait partie de la communauté humaine. Les problèmes et périls vitaux apportés par la mondialisation lie désormais tous les êtres humains dans une communauté de destin. Nous devons reconnaître notre matrie terrienne (qui a fait de nous des enfants de la terre) notre patrie terrestre (qui intègre nos diverses patries) notre citoyenneté terrienne (qui reconnaît notre responsabilité dans le destin terrestre). Chacun d’entre nous est un moment, une particule dans une gigantesque et incroyable aventure, issue d’homo sapiens-demens, notre semblable dès la préhistoire, et qui s’est poursuivie dans la naissance, la grandeur la chute des empires et civilisations et qui est emportée dans un devenir où tout ce qui semblait impossible est devenu possible dans le pire comme dans le meilleur. Aussi un humanisme approfondi et régénéré est il nécessaire à notre volonté de rehumaniser et régénérer notre pays.

La mondialisation avec ses chances et surtout ses périls a créé une communauté de destin pour tous les humains. Nous devons tous affronter la dégradation écologique, la multiplication  des armes de destruction massive, l'hégémonie de la finance sur nos Etats et nos destins, la montée des fanatismes aveugles. Paradoxalement c'est au moment où l'on devrait prendre conscience solidairement de la communauté de destin de tous les terriens que sous l'effet de la crise planétaire et des angoisses qu'elle suscite, partout on  se réfugie dans les particularismes ethniques, nationaux, religieux.
Nous appelons chacun à la prise de conscience nécessaire et aspirons à sa généralisation pour que soient traités les grands problèmes qui sont à l'échelle de la planète.

Nous n’apportons ni programme ni projet de société, nous indiquons la nécessité de changer de Voie et de nous regrouper dans ce sens.

Que tous ceux qui se reconnaissent dans ce texte lui apportent leur approbation.

Edgar Morin

 

 

Let’s change our way, let’s change our life
Edgar Morin’s appeal

Countless are we, though scattered around the world, to find it more and more difficult to put up with the hegemony of profit, money, calculation, growth, GDP and polls, all those ignoring our true needs as well as our legitimate desire to live our life both self-sufficently and in a community.

Countless are we, though fragmented and compartimentalized, to wish that the trinity « Liberty, Equality, Fraternity » became our standard of personal and social life and not the mask of growing servitudes, inequalities and selfishness.

In the past decades, with the outbust of global free-market economy, profit has raged to the detriment of solidarity and friendliness, social conquests have been partly canceled out, life in the cities has deteriorated, goods have lost their qualities  ̶  built-in obsolescence, even hidden defects, and food has no more virtues, flavours or taste.

Indeed there are still numerous oasis of lives based on love, family, brotherhood, friends, solidarity, games, showing how the will to live well can resist. The civilization of interest and calculation will never manage to obsorb them. But these oasis are still too distant and do not know one another well enough.

And yet they expand and their conjonction sketches out the face of another possible civilization.

Environmental awareness tells us how important it is to develop new sources of renewable energies, gradually eliminating the others, including the so harmful nuclear power. We must also devote a greater part of our economy to the salubrity of polluted cities and to the healthiness of agriculture thus reducing the more and more unhealthy industrialized agriculture and livestock farming to promote eco-farming and agro-ecology.

A huge reflation of economy in this direction, stimulated by the increase of social and united progress would greatly reduce unemployment as well as job insecurity.

A reform in the working conditions would be necessary in the name of that profitability which today engenders mechanization in behaviours, even automation, burn out, unemployement, thus reducing  the promoted profitability. In fact profit may be made by the full use of personality and responsability of the workers and not by robotizing the behaviours. The reform of the states may be obtained, not by reducing or increasing the staff, but by putting an end to bureaucratization i.e. by communicating with the different departments, making constant initiatives and taking into account retrospective effects between the levels of management and execution.

The reform in consumption would be of the utmost importance. It would allow a well-informed selection of the products according to their real qualities and not according to pretended advertising vitues  ̶  especially in the fields of beauty, hygiene, seduction, luxury, which would make consumerist desinformation lose ground such as in car advertising. Taste, flavour, esthetics would guide the consumers. Consumption would therefore increase, reducing industrialized agriculture, tasteless and unhealthy food and consequently the rule of profit.

Encouraging short production/distribution circuits, especially concerning food via markets, farmers’ cooperatives, the internet … will improve our health as well as push down the hegemony of supermarkets, canning industries and frozen food.

In addition, industrialized standardization has created a need for craft industry as a reaction. Not buying goods with a built-in obsolescence  ̶  cars, refrigerators, computers, mobile phones, stockings, socks… would promote a neo-craft industry. At the same time encouraging corner shops would make our towns and cities much more human. All this would thus put an end to that impressive techno-economic power which leads to anonymity, to the lack of friendly relationships with others, often so in the same block of flats.

So the consumers, that is all the citizens, have acquired a power they cannot see because of a lack of collective connection but which, once it is enlightened and enlightening, might determine a new way not only to economy  ̶  industry, agriculture, retailing, but also to our lives becoming more and more convivial.
A new civilization would tend to reestablish local solidarities or create new solidarities  ̶  such as setting up solidarity centers in small towns and districts of big cities. It would stimulate conviviality, this original human need inhibited by our rationalized, timed, efficient life.

We can find again the benefits of living well through an existential change.

We must regain a time to our own rhythm and only partially obey the timed pressure. We will be able to alternate speed periods  ̶  with exhilarating virtues, and slow periods  ̶  with serenity virtues.

The current increase in the number of festivities and festivals clearly indicates our aspirations to a life poeticized by partying and communing in arts, drama, cinema and dance. Community arts centres will have to find a new life.

Our personal needs are not only in concrete terms linked to our sphere of life. Through the news given by the press, the radio, the TV, we are willing to take part in the world, sometimes subconsciously. What should reach awareness is our belonging to an interdependant humanity.

We believe, as Montaigne already claimed in the 15th century, that « any man is my fellow-countryman » and that humanism speads as respect due to any human being. Our countries, in their uniqueness, belong to the human community. Our individualities, in their uniqueness, belong to the human community. The problems and vital dangers brought by globalization from now on link all the human beings in a shared destiny. We must aknowledge our earthly mother  ̶  which made us earth children, our earthly fatherland  ̶  which integrates our various homelands, our earthly citizenship  ̶  which aknowledges our responsability for the earth destiny. Each of us is a moment, a particle in a gigantic and unbelievable adventure, coming from homo sapiens demens, our own kind ever since the prehistoric era. It has been going on with the birth, greatness and fall of empires and civilizations and is now swept away to a future where everything that seemed impossible has become possible for better or for worse. That is why a detailed and regenerated humanism is necessary for our will to rehumanize and regenerate our countries, our continents, our planet.

Globalization, with its opportunities and its dangers, has created a shared destiny for all human beings. We all have to face the environment damage, the increase in the number of mass destruction weapons, the hegemony of  finance over our states and destinies, the rise of blind fanatism. At a time when we ought to become aware of that common destiny shared by all earth people, under the pressure of the global crisis and the anxiety it arouses, paradoxically enough we find refuge in distinctive ethnic, national and religious identities.

We appeal to each of you to a necessary public awareness and wish it would spread so that the big issues concerning our planet should be dealt with.

Let all those who agree with this text give it their full approval.

Edgar Morin

 

 

Cambiemos de Vía ; cambiemos de Vida
El llamamiento de Edgar Morin

Somos incontables pero dispersos los que cada vez más dificilmente soportamos la hegemonía de la ganancia, del dinero, del cálculo (estadísticas, crecimiento, PBI, encuestas) que ignoran tanto nuestras verdaderas necesidades como nuestras legítimas aspiraciones a una vida, al mismo tiempo autónoma y comunitaria.

Somos incontables pero separados y compartimentados los que deseamos que la trinidad Libertad, Igualdad, Fraternidad sea nuestra norma de vida personal y social y no una máscara que oculte el crecimiento del servilismo, de las desigualdades, de los egoísmos.

En el transcurso de las ultimas décadas, con el desencadenamiento de la economía liberal mundializada la ganancia se ha impuesto en perjuicio de las solidaridades y de las convivialidades, las conquistas sociales han sido en parte anuladas, la vida urbana se ha degradado, los productos han perdido sus cualidades (duración de vida útil programada y hasta deformaciones ocultas) muchos alimentos han perdido sus virtudes, sabores y gustos naturales.

Es cierto también que existen numerosos oasis de vida amable, familiar, fraternal, amistosa, solidaria, lúdica que dan testimonio de la resistencia de querer el buen vivir; la civilización del interés y del cálculo, no podrá jamás absorberla, pero esos verdaderos oasis del buen vivir están todavía muy dispersos y se conocen aún muy poco entre sí. Sin embargo existen y se desarrollan y su conjunción esboza el rostro de otra civilización posible.

La conciencia ecológica, nacida de la ciencia del mismo nombre, nos indica no solamente la necesidad de desarrollar fuentes de energía limpia y de eliminar progresivamente las otras inclusive las muy peligrosas fuentes de energía nuclear, sino también de dedicar una parte cada vez más importante de la economía a la salubridad de las ciudades contaminadas, a la salubridad de la agricultura, y por lo tanto, la necesidad de hacer retroceder la agricultura y la crianza de animales industrializados que son cada vez más malsanas en beneficio de una agricultura granjera y de la agroecología.

n formidable impulso de la economía realizado en ese sentido estimulado por el desarrollo de la economía social y solidaria, permitiría una muy importante reducción del desempleo y también de la precariedad del trabajo.

Una reforma de las condiciones del trabajo sería necesaria mismo en nombre de esta rentabilidad que hoy en día produce mecanización de los comportamientos, mismo robotización, burn out,y una desocupación que disimula en los hechos la rentabilidad prometida. Efectivamente la rentabilidad se puede obtener no por la robotización de los comportamientos sino por el pleno empleo de la personalidad y de la responsabilidad de los asalariados. La reforma de los Estados puede ser lograda no solamente por la reducción o aumento de los efectivos sino por la desburocratización, es decir la comunicación entre los niveles compartimentados con iniciativas de interacción constante entre los niveles de dirección y los de ejecución.

Reformar la manera de consumir será de una importancia primordial. Esta permitirá realizar con lucidez una selección de los productos según sus virtudes reales y no según las virtudes imaginarias inducidas por las publicidades (especialmente en los productos de belleza, de higiene, de seducción y de un buen nivel de vida), esto contribuirá a la regresión de la intoxicación consumista (entre las cuales la intoxicación del automóvil). El gusto, el sabor, la estética guiarían el consumo el cual al desarrollarse, frenaría la agricultura industrializada, el consumo insípido y malsano, en consecuencia el dominio de la ganancia.

El desarrollo de los circuitos cortos, especialmente para la alimentación, guía los mercados, la asociación para el mantenimiento de la agricultura granjera, Internet, favorecerá nuestra salud al mismo tiempo que disminuirá la hegemonía de los grandes supermercados, de conservas industriales y de productos congelados. Además la uniformización industrial ha creado como reacción una necesidad de productos artesanales, la resistencia a los productos con duración programada (automóviles, refrigeradores, computadoras, teléfonos móviles, medias, calcetines, etc) favorecería un renacimiento de lo artesanal. Paralelamente, el desarollo de los comercios de vecindad, humanizaría considerablemente nuestras ciudades. Todo esto tendría como consecuencia una regresión de esa formidable fuerza tecno-económica, que hace proliferar lo anónimo, la ausencia de relaciones cordiales con los demás que se da con frecuencia hasta en un mismo inmueble o edificio.

Así los consumidores, es decir el conjunto de ciudadanos ha adquirido un poder que en ausencia de vínculos colectivos les resulta invisible pero que podría una vez esclarecido volverse esclarecedor y determinar una nueva orientación no solamente de la economía (industria, agricultura, distribución) sino también de nuestras vidas que se volverían cada vez más conviviales.

Una nueva civilización tendería a restaurar las solidaridades locales o a instaurar nuevas solidaridades (como la creación de casas de la solidaridad en las pequeñas ciudades y en los barrios de las grandes ciudades) lo que estimularía la convivialidad, necesidad humana de primer orden, que resulta perjudicada por la vida racionalizada, cronometrada, dedicada a la eficacia.

Nosotros podríamos reencontrar de manera renovada las virtudes del buen vivir por la vía de una reforma existencial.

Debemos reconquistar el tiempo a nuestro propio ritmo dejando de obedecer al menos parcialmente a la presión cronométrica. Podríamos alternar períodos de velocidad (con virtudes mareadoras) con períodos de lentitud que tienen las virtudes de la serenidad.

La actual multiplicación de festividades y festivales, nos indica con mucha claridad nuestras aspiraciones a una vida poetizada por la fiesta y por la comunión con las artes, teatro, cine, danza. Las casas de la cultura deberán encontrar una nueva vida.

Nuestras necesidades personales no están ligadas solamente concretamente a nuestra esfera de vida. Por las informaciones de la prensa, radio, televisión, nosotros queremos, a veces inconscientemente participar del mundo. Lo que debería acceder a nuestra conciencia es nuestra pertenencia a la humanidad hoy más que nunca interdependiente.

Nosotros creemos como ya lo decia Montaigne en el siglo XVI, que « todos los humanos son mis compatriotas » y que el humanismo se expresa a través del respeto por cualquier otro ser humano. Nuestras patrias en su singularidad hacen parte de la comunidad humana. Nuestras individualidades en su singularidad hacen parte de la comunidad humana. Los problemas y peligros vitales aportados por la mundialización, unen a todos los seres humanos en una comunidad de destino. Nosotros tenemos que reconocer a nuestra madre tierra (que ha hecho de nosotros hijos de la tierra) nuestra patria terrestre (que integra nuestras diversas patrias) nuestra ciudadanía terrestre (que reconoce nuestra responsabilidad en el destino terrestre). Cada uno de nosotros es un momento, una partícula en una gigantesca e increíble aventura que tiene origen en el hombre sapiens-demens, nuestro semejante desde la prehistoria y que continuó en el nacimiento, la grandeza, la caída de los imperios y civilizaciones y que es arrastrada en un devenir en el que todo lo que parecía imposible se hizo posible en lo peor como en lo mejor. También un humanismo profundo y regenerado es necesario a nuestra voluntad de rehumanizar y regenerar nuestros países, nuestros continentes, nuestro planeta.

La mundialización con sus oportunidades y sobre todo con sus peligros ha creado una comunidad de destino para todos los humanos. Todos debemos enfrentar la degradación ecológica, la multiplicación de las armas de destrucción masiva, la hegemonía de la finanza sobre nuestros Estados y nuestro destino, el aumento de los fanatismos ciegos.

Paradójicamente es el momento en el cual se debería tomar conciencia solidariamente de la comunidad de destino de todos los seres de la tierra que bajo los efectos de la crisis planetaria y de las angustias que origina, en todas partes se refugia en los particularismos étnicos, nacionales, religiosos.

Hacemos un llamado a cada uno a la toma de conciencia necesaria y aspiramos a su generalización para que sean tratados los grandes problemas que existen a la escala del planeta.

Que todos aquellos que se reconocen en este texto le aporten su aprobación.

Edgar Morin

 

Să ne schimbăm Calea; să ne schimbăm Viața
Apelul lui Edgard Morin

Suntem foarte mulți dar dispersați, noi, cei care suportăm din ce în ce mai greu hegemonia profitului, a banului, a calculului (statistici, creștere, PIB, sondaje), ce ignoră nevoile noastre reale și aspirațiile noastre legitime la o viață autonomă și comunitară.

Suntem foarte mulți dar dispersați și compartimentați, noi, cei care dorim ca trinitatea Libertate – Egalitate – Fraternitate să fie o regulă pentru viața noastră personală și socială, ci nu o mască pentru sporirea aservirii, inegalității, egoismului.

În ultimele decenii, odată cu dezlănțuirea economiei de piață globalizate, profitul s-a impus în detrimentul legăturilor sociale și al convivialității, progresele sociale au fost parțial anulate, viața urbană s-a deteriorat, produse și-au pierdut calitățile (uzură programată, chiar vicii disimulate), produsele alimentare și-au pierdut proprietățile, savoarea, gustul.

Desigur, există foarte multe oaze pentru o viață ce face loc iubirii, fraternității, prieteniei, solidarității, ludicului, care arată rezistența voinței noastre de a trăi bine; civilizația interesului și a calculului nu va putea să le absoarbă complet niciodată. Dar aceste oaze sunt încă mult prea răspândite și se cunosc mult prea puțin unele pe celelalte.

Totuși, ele se dezvoltă și convergența lor creionează chipul unei noi civilizații posibile.

Conștiința ecologică, generată de știința cu același nume, ne arată atât nevoia de a dezvolta surse de energie nepoluante și de a elimina treptat energiile fosile, inclusiv pericolul energiei nucleare, cât și necesitatea de a direcționa o parte mai importantă din economie către salubrizarea orașelor poluate și a practicilor agricole, deci de a reduce agricultura și creșterea industrializată a animalelor, din ce în ce mai nesănătoase, în favoarea unei agriculturi a micilor ferme și a agro-ecologiei.

O relansare economică formidabilă orientată în aceste direcții, stimulată de dezvoltarea economiei sociale și solidare, ar permite reducerea semnificativă a șomajului și a precarității muncii.

Este necesară o reformă a condițiilor de muncă, chiar în numele rentabilității care astăzi este afectată de mecanizarea comportamentelor, robotizare, burn out, șomaj. De fapt, rentabilitatea poate fi îmbunătățită nu prin comportamente robotizate, ci prin valorizarea plenară a personalității și a responsabilității salariaților. Reformarea Statelor poate fi obținută nu prin reducerea sau creșterea numărului de funcționari, ci prin de-birocratizare, adică prin comunicarea între departamente, activități precum și prin comunicarea constantă între nivelurile de management și cele operaționale.

Transformarea modelului de consum poate fi capitală. Aceasta ar permite o selectare informată a produselor în funcție de calitățile lor reale și nu de caracteristicile imaginate de reclame (mai ales în ceea ce privește frumusețea, igiena, seducția), ceea ce ar conduce la o reducere a intoxicațiilor consumeriste (precum intoxicația automobilistă). Gustul, savoarea, estetica ar trebui să ghideze modelul de consum care, dezvoltându-se în aceste direcții, ar restrânge agricultura industrializată, consumul insipid și nesănătos și, totodată, dominația profitului.

Dezvoltarea circuitelor scurte, mai ales pentru alimentație, prin intermediul piețelor locale, al AMAP-urilor (« asociație pentru menținerea unei agriculturi țărănești »), a internetului, ar contribui la menținerea sănătății noastre și la reducerea dominației supermarket-ului, a conservei industriale, a mâncării congelate.

Standardizarea industrială a generat, în reacție, dorința producției artizanale. Rezistența la produsele cu uzură programată (mașini, frigidere, computere, telefoane mobile, lenjerie intimă, șosete, etc.) poate genera un neo-artizanat. În același timp, stimularea comerțului de proximitate ar umaniza considerabil orașele noastre. Toate acestea ar provoca o contracție a forței tehnico-economice formidabile care ne împinge astăzi spre anonimat și lipsa relațiilor cordiale, de multe ori chiar între vecini.

Consumatorii, adică totalitatea cetățenilor, dispun de o forță care, în absența mobilizării colective, le este invizibilă. Odată conștientizată, această forță ar putea determina o nouă orientare, nu doar pentru economie (industrie, agricultură, distribuție), dar și pentru o viață mai convivială. O nouă civilizație ar tinde să restabilească legăturile solidare locale sau să creeze noi forme de solidaritate (de exemplu, spații asociative solidare în orașele mici și în cartierele marilor orașelor). Aceasta ar stimula viața convivială, care constituie o nevoie umană primară inhibată astăzi de viața raționalizată, cronometrată, în serviciul eficacității. Putem regăsi, sub o formă nouă, beneficiile unei vieți bune prin realizarea unei reînnoiri existențiale.

Trebuie să ne trăim timpul urmând propriile noastre ritmuri, supunându-ne doar parțial presiunii cronometrelor. Putem să alternăm fazele de viteză (care au virtuți euforice) cu fazele de lentoare (care au efecte liniștitoare).

Multiplicarea festivalurilor și festivităților ne indică clar că aspirăm la o viața poetizată, prin sărbătoare și prin comuniunea între arte, teatru, cinema, dans. Casele de cultură au nevoie de o nouă viață. Nevoile noastre personale nu sunt legate doar de sfera individuală. Prin presă, radio, televiziune participâm, uneori inconștient, la lume. Ceea ce ar trebui să ne atingă conștiința este apartenența noastră la umanitate, care astăzi este interdependentă.

Credem precum Montaigne în secolul al XVI-lea că « fiecare om este compatriotul meu » și că umanismul se concretizează prin respectul pentru orice ființă umană. Patriile noastre, în singularitatea lor, fac parte din comunitatea umană. Individualitățile noastre, în singularitatea lor, fac parte din comunitatea umană. Problemele și pericolele vitale generate de globalizare leagă astăzi toți oamenii într-o « comunitate de destin ». Trebuie să recunoaștem originile noastre terestre (care fac din noi copiii acestui pământ), patria noastră terestră (care integrează diferitele patrii) și cetățenia noastră terestră (care recunoaște responsabilitatea noastră față de destinul terestru). Fiecare dintre noi este un moment, o particulă într-o aventură enormă și incredibilă, apărută din « homo sapiens-demens », seamănul nostru începând din pre-istorie. Ea a continuat cu nașterea, măreția și căderea imperiilor și civilizațiilor și este continuată astăzi într-o nouă realitate, în care tot ceea ce parea imposibil a devenit posibil, atât în bine cât și în rău. Prin urmare, este nevoie de un umanism aprofundat și regenerat pentru reumanizarea și regenerarea țărilor, continentelor, planetelor. Globalizarea, cu oportunitățile sale și mai ales cu primejdiile sale, a creat o comunitate de destin care reunește toți oamenii. Noi toți trebuie să înfruntăm degradarea ecologică, proliferarea armelor de distrugere în masă, hegemonia finanței asupra statelor noastre șidestinelor noastre, multiplicarea fanatismelor oarbe. În mod paradoxal, ne refugiem astăzi în particularisme etnice, naționale, religioase, chiar în clipa în care ar trebui să conștientizăm comunitatea de destin a tuturor oamenilor sub efectul crizei planetare și al spaimelor pe care aceasta le generează.

Facem apel la fiecare privind nevoia de conștientizare și țintim generalizarea acesteia, pentru ca marile probleme care se situează astăzi la scara întregii planete să poată fi înfruntate.

Invităm pe toți cei care se recunosc în acest mesaj să își manifeste asentimentul.

Semnat,
Edgar Morin

 

Chanje route ; chanje lavi

Apel Edgar Morin

Nou anpil men nou dispèse, nap sipote chak jou avèk anpil difikilte anba pisans pwofi, lajan ak kalkil statistic tankou (statistic, kwasans, PIB, sondaj) ki toujou inyore vre bezwen-n ak aspirasyon-n pou n viv tankou granmoun nan tet ansanm. Nou anpil men nou separe, nou fè yon bann ti moso pandan ke nou ta renmen trinite sa a ki se Libète, Egalite, Fratènite tounen règ  nan la vi pèsonel ak sosyal nou e li pa dwe yon mas pou cache pratik esklavajis, inegalite ak egoyis.

Pandan dènye deseni yo, avek dechennman ekonomi liberal la (mondyalizasyon), zafè pwofi vinn dechennen kont tout solidarite ak bon jan relasyon nan mitan moun yo nan sosyete a. yon bon pati nan konket sosyal yo anile, lavi nan vil yo finn degrade, pwodwi yo pedi kalite yo (yon bagay ki pwograme, nou kapab menm pale de vis cache)  epi sa nap manje yo vinn pedi vale ak gou yo.
Se vre, gen anpil ti kote ki ofri yon vi lanmou, familial, fratènèl, amikal, solidè, ki temwaye rezistans pou n byenviv kote sivilizasyon enterè ak kalkil pap janm kapab disparèt li. Men ti kote say o trò dispèse epi yo youn pa trò konnen lòt. E poutan yo develope paske yo mete tèt yo ansanm sa bay lespwa ke yon lòt sivilizasyon posib.

Konsyans ekolojik, ki pran orijin li nan menm non an, endike-n non Sèlman nesesite pou-n devlope sous eneji ki pwòp epi elimine pwogresivman tout lòt yo e menm eneji nikleyè ki danjire ,men tou konsakre yon bon pati nan ekonomi an pou netwaye vil yo ki avayi anba polisyon pou- fè yon agrikilti ki sen, kidonk rive fè agrikilti ak elvaj endistriyel la  ki se yon bagay malsen retire ko-l e fe plas pou agrikilti biyologik ou byen agwo ekoloji.
Si sa nou di a rive fèt, li tap bon anpil, li tap relanse ekonomi a ki tap jwenn gwo bourad mod devlopman ekonomi sosyal e solidè ki tap pèmet chomaj la disparèt pwogresivman epi rann travay yo estab.
Yon refèm nan kondisyon travay yo ta nesesè nan non menm say o rele  rantabilte a ki jodiya ap pwodwi mekanizasyon konpotman yo et menm robotizasyon Burn out, chomaj ki donk diminye rantabilite yo te pwomèt.Sepandan nou kapab jwenn rantabilite sa san nou pa bezwen robotize konpotman yo men nan fasilite tout moun jwenn travay epi avek responsabilite salarie yo. Pou nou jwenn refòm leta se pa nan redwi osinon ogmante efektif men nan debiwokratizasyon sa vle di nan kominikasyon nan mitan chak group yo, inisyativ ak retwoaksyon pemanan nan  nivo sila yo ki nan direksyon ak lòt yo ki nan exzekisyon.

Refòm nan konsomasyon an ta enpotan anpil. Li ta kapab pèmèt  nou fe yon chwa eklere nan pwodwi bagay ki chita sou vèti reyèl olye li chita so vèti imajinè piblisite( nou ta site, pwodwi pou bote, ijyenn ,sediksyon, standing), sa ki tap pèmet gen yon bak ki fet nan chèche tande  vye koze kap pouse nou nan konsomasyon( tankou nou ta pale sou piblisite kap fèt pou otomobil). Gou, bagay kap chame lespri nou, estetik ta kapab gide la konsomasyon paske lè li komanse devlope li kapab redwi nan kous agrikilti endistriyel la, kosomasyon san gou, malsen ki anba dominasyo yon grenn bagay ki se pwofi.

Devlopman sikwi kout yo, nou vle pale nan nivo alimantasyon, an pasan pa Amaps, Entenet, pral favorize sante nou an menm tan redwi pouvwa moun kap itilize gwo vas tè pou fè agrikilti pou ba nou manje pwodwi ki finn tounen glas nan konsèv yo.
Pandan tan sa a estandatizasyon endistriyel la rive kreye yo bezwen pou atizana, sa moun nap fe ak pwop men yo. Rezistans devan pwodwi tankou (otomobil, frijidè, odinatè, telefòn pòtab, ba choset, etc.) kapab favorize yon nouvo  clas atizan.
Pandan nap ankourape komès avek moun ki habite tou prè nou , sa vinn pèmèt nou viv pi byen nan vil yo. Tout sa ap pwovoke an menm tan yon regresyon fòmidab fòs tekno ekonomik kap pouse-n nan anonima, absans relasyon kodyal avek frè-n ak sè-n ki souvan habite nan menm kay.
Nan sans sa a, Konsomatè yo, sa vle di tout sitwayen yo rive pran yon pouvwa men akoz yo manke kole sere pouwa sa a parèt envizib, men ki ta kapab eklere e tounen yon limyè, li kapab tou detèmine yon nouvel oryantasyon non sèlman pou ekonomi an (Endistri, agrikilti, distibisyon) men pou vi nou ki vinn debouche pi plis sou yon relasyon positif.
Yon nouvèl sivilizasyon ap vinn restore solidarite lokal yo ou byen enstore lòt solidarite tankou( kreyasyon kay solidarite nan ti vil yo ak nan katye ki nan gran vil yo. Sa  tap ede-n tabli relasyon pi positif nan mitan nou, li tap pèmèt tou yon vi rasyonel,  efikas epi byen kalkile. Nou kapab rejwenn lòt fason pou-n byen viv sin-n vle mete-n sou route pou-n refome ezistans nou.

Nou dwe reprann fòm nou, pran yon ti tan  pou-n chèche fason nou dwe viv. Nou pa dwe koube devan presyon kronometrik. Nou kapab altène peryod vitès yo( ki gen pouvwa pou bay vetij, tet vire) ak peryod kote bakay mache dousman (ki gen veti serenizan).
Miltiplikasyon festivite ak festival kap fèt konnya endike-n aspirasyon n pou yon vi poyetize nan fet ak kominyon, nan travay atizan yo, teyat, sinema ak dans. Mezon kilti yo dwe jwenn yon vi nouvel.
Bezwen pèsonèl nou yo pa sèlman lye ak jan nap viv. Nap tande enfomasyon kap soti nan la pres tankou nan radyo ak televizyon, pafwa nou patisipe san konnen nan mond la. Sa ki ta dwe aksede ak konsyans nou se apatenans a limanite, jodia  ki entèdepandan.
Nou kwè menm jan ak montey ki di déjà di pandan XVI syèk la « tout moun se konpatriyot mwen » se pou imanis tounen respè pou tout moun kap viv. Peyi nou yo fè pati kominote imen nan. Nou ckak ki eziste fè pati kominote imen nan. Pwoblem ak tout difikilte mondyalizasyon an pote mennen nou tout sou menm destinasyon. Nou dwe rekonèt nou tout se pitit tè a, tè sa ki se manman nou. Chak  moun ki sou tèsa a se yon moman, yon patikil nan yon gro epi enkwayab avanti ki sotian  Homo sapiens-demens, sanblay nou depi avan listwa te devlope e ki rapousib avèk la nesans, grandè ak disparisyon gwo potanta lontan yo ak sivilizasyon yo e ki antre nan yon evolisyon kote tout sa ki sanble te enposib vinn posib nan bon tankou nan move jou. Konsa yon imanis apwofondi, rejenere ta nesesè akoz volonte nou genyen pou-n reyimanize epi rejenere peyi nou  yo , kontinan nou yo ak planèt nou an.
Mondyalizasyon an avek tout sa li pote kom chans ak difikilte kreye yon desten pou tout moun. Nou tout dwe afwonte degradasyon ekolojik la, bann zam ki kapab detri moun pa bann e pa pakèt, pisans lajan genyen sou peyi nou yo ak desten nou ak fanatis avèg kap grandi nan mond la. Kiryezman se moman kote nou tout ansanm dwe pran konsyans paske nou gen menm desten , nap sibi yon menm kriz planetè san konte kè sote sa bay , toupatou chak mou ap cheche refij nan mitan group yap evolye, swa sila yo ki nan menm group etnik, peyi ak relijyon.
Nap mande chak moun pou pran konsyans nesesè e generalize nivo konsyans sa a yon fason pou gran pwoblem yo trete nan nivo planetè.

Tout moun ki rekonèt yo nan tèks sa a pote solidarite  pa yo
Edgar Morin

Version créole rédigée par Utopia Ayiti